Texte : Ian VanDuzer
Photographie : Daniel Banko
Montréal est une ville unique en Amérique du Nord : un cœur battant de la culture et de l’histoire québécoises dans une métropole moderne et dynamique. Les raisons d’aimer Montréal sont innombrables : des meilleurs bagels du continent aux célèbres sandwichs à la viande fumée, en passant par la plus ancienne équipe de hockey de la LNH, les Canadiens de Montréal.
Mais pour les promoteurs, Montréal est un casse-tête : la deuxième plus grande ville du Canada (dépassée par Toronto dans les années 1970) est située sur une île près du confluent de la rivière des Outaouais et du Saint-Laurent. Bordée par d’autres villes sur ses rives nord et sud, Montréal est un pôle d’attraction important pour les gens, l’histoire et la culture. La ville proprement dite a la même densité de population que Toronto – Montréal compte 4 800 habitants au kilomètre carré contre 4 400 à Toronto – mais occupe seulement les deux tiers de sa superficie totale (430 km² contre 630 km²). Et l’île sur laquelle vit la majeure partie de la ville est la plus peuplée du Canada.
Il y a peu d’espace sur l’île de Montréal, ce qui rend le développement immobilier absolument crucial pour la ville en pleine croissance. Sur le site de l’ancienne Maison de Radio-Canada, véritable icône de la ville, le mégapromoteur Groupe MACH marque la ville de son empreinte avec le Quartier des lumières : un projet à usage mixte que la CBC décrit comme un « mégaprojet d’un milliard de dollars » qui vient tout juste d’ouvrir ses portes après des décennies de développement.
Lumières, caméra, condos
Mais le cœur du Quartier des lumières comprend essentiellement les condominiums Auguste & Louis : trois tours de condos de 1, 2 et 3 chambres, dont la première a été conçue par les architectes Provencher_Roy.
« Le nouveau complexe en construction occupera et remplacera les anciens espaces de stationnement de Radio-Canada ; il s’agit donc d’une occasion unique de créer un nouveau quartier mixte autour de la tour », explique Allan Simon, architecte et associé du cabinet Provencher_Roy. « À terme, le quartier comprendra de nouvelles rues, des sentiers piétonniers et un parc paysager autour des quartiers résidentiels, de bureaux et commerciaux. »
« Le site est un lieu privilégié pour l’implantation de nouvelles résidences et pour l’intensification et la diversification des activités économiques. »
Même si les nouvelles tours semblent être des bâtiments distincts, elles sont toutes les quatre intimement liées, explique M. Simon. « Il s’agit d’un seul bâtiment, relié par un tunnel souterrain pour limiter l’accès des véhicules depuis la rue, ajoute-t-il. Mais d’un point de vue urbain, le projet comprend quatre bâtiments distincts afin de créer des divisions et des volumes à l’échelle du quartier. »
Baptisé en l’honneur des frères Lumière, pionniers de la technologie de la caméra et du cinéma, le projet met l’accent sur la lumière et la projection : tandis que le basilaire du projet est revêtu de maçonnerie pour s’harmoniser avec l’atmosphère de plain-pied du quartier Ville-Marie de Montréal, les étages supérieurs des tours sont recouverts d’un revêtement en acier destiné à réfléchir et à diriger la lumière vers le bas, vers les étages inférieurs et une cour centrale.
Le développement est toujours en cours, la première des trois phases ayant été disponible en 2023, et la phase finale devant être achevée en 2027.
Acier rapide
Construire au cœur de la neuvième plus grande ville d’Amérique du Nord comporte son lot de défis, surtout lorsque le projet longe le boulevard René-Lévesque, l’une des principales artères de Montréal. C’est un environnement impitoyable pour les projets de construction de longue haleine, où même de légères perturbations de la circulation peuvent se répercuter dans toute la ville.
Bien sûr, tout projet de construction est un exercice de logistique et de planification. Mais lors des échanges avec les parties prenantes d’Auguste & Louis, l’importance du calendrier est revenue à maintes reprises.
« Nous avions des délais de livraison très précis », explique Yannick Labrie, directeur de comptes chez EB Métal Inc., aciériste québécois qui a fourni l’acier laminé plat pour le projet de condominiums. « Nous avions un échéancier serré à respecter. »
Travailler à Montréal signifiait que l’acier, ainsi que les autres matériaux de construction, devaient être livrés à des moments précis pendant la construction, plutôt que d’être livrés en une seule fois et stockés sur le chantier. Et lorsque les tours ont atteint une hauteur nécessitant l’utilisation de grues pour déplacer les matériaux, il a fallu louer des espaces dans la rue à la Ville. Cela ne devait pas être bon marché, ce qui, encore une fois, a souligné M. Labrie, impliquait que tout devait se dérouler dans les délais.
Montants de murs
Le respect du calendrier a également mis en évidence la nécessité d’utiliser l’acier tout au long du projet. Les tours Auguste et Louis sont toutes deux revêtues d’acier laminé à plat, même si ce n’était pas la seule utilisation de l’acier dans les immeubles.
« Nous avons également fourni des montants et des rails en acier pour les murs intérieurs », explique M. Labrie. Ces éléments ont été fabriqués hors site, puis expédiés sur le chantier selon les besoins.
Les montants en acier sont courants pour les projets résidentiels comme Auguste & Louis, où leur légèreté, leur flexibilité et leur résistance au feu constituent des avantages précieux par rapport aux montants en bois classiques, notamment pour les tours. L’acier est également essentiel pour la construction : la préfabrication permet un assemblage beaucoup plus rapide sur site, permettant aux artisans de démarrer le projet plus rapidement et de garantir le respect des délais de livraison.
La flexibilité et la solidité étaient primordiales à Montréal, une ville avec des vents violents venant du mont Royal, dit M. Labrie. « L’acier est important, sinon les bâtiments se dispersent dans la nature ! » plaisante-t-il.
M. Simon n’est pas tout à fait d’accord, mais uniquement parce qu’Auguste & Louis ont été conçus en tenant compte des vents. « La présence du basilaire aux étages inférieurs et le volume des étages supérieurs en retrait réduisent l’impact des couloirs de vent », explique M. Simon.
Garder l’ambiance de Montréal
Avant tout, explique M. Simon, l’objectif était de préserver l’atmosphère et le caractère uniques de la ville, tout en repoussant les limites de manière significative. « Le centre-ville de Montréal comporte de nombreux paramètres historiques dont il faut tenir compte, explique M. Simon. Nous devions assurer une intégration urbaine harmonieuse des nouveaux bâtiments avec l’ancien. »
Cela ne signifie pas pour autant que Montréal est figée dans le passé. « Ce quartier a connu beaucoup de changements au fil des ans, ajoute M. Simon. La Ville de Montréal souhaite également en tirer profit. »
Conception
Provencher_Roy
Entrepreneur général
MG Construction
Métal
EB Metals Inc.